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AVERTISSEMENT

Certaines de ces situations vous paraîtront peut-être parfois invraisemblables. Cependant, chacune d’entre elles est inspirée de faits réels, d’événements ayant eu lieu au Tchad ou dans les régions environnantes. Chaque année, des milliers de femmes sont confrontées à ces réalités. Aussi, rappelez-vous bien de chacune de vos décisions : il se pourrait que certaines d’entre elles aient un impact sur votre futur, alors même que vous n’y penserez plus !

Nous souhaitons attirer votre attention sur le fait que cette expérience interactive peut aborder des thèmes sensibles, tels que la guerre, la violence, ou les traumatismes liés aux migrations. Le contenu de cette exposition immersive peut être difficile émotionnellement. Nous vous invitons à avancer à votre rythme, et à ne pas hésiter à vous retirer si certains contenus vous semblent trop difficiles à vivre.

En savoir plus
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LISA, 6 ANS

Bébédjia, TCHAD

Lisa Mahamat est née en Afrique centrale, au Tchad. Elle a 6 ans.

Elle a un grand frère, une grande sœur et aussi une nouvelle petite sœur. Son père et sa mère, éleveur·euses dans le nord du pays, se sont installé·es près de Bébédjia, située dans l’extrême sud du Tchad à la naissance de Lisa. Ils ont fait ce choix pour profiter des conditions locales plus favorables.

En plus de leur activité traditionnelle d’élevage, ses parents se sont alors intéressés à l’agriculture.

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Bébédjia, TCHAD

C’est en 1990 que la guerre civile a vraiment pris fin. La vie n’est pas toujours facile ici.

La sécheresse et les mauvaises récoltes représentent un danger vital important pour les membres de la famille. En plus, étant nouvelle dans la région, la famille est mal perçue… On dit qu’ils apportent le mauvais œil ou pire encore.

Ils refusent de se plier à certaines règles du village comme l’excision de leurs filles par exemple. La famille sent peser sur elle le regard agressif d’une partie de la communauté.

Un soir, les parents et les 4 enfants se réunissent pour prendre une décision, une grande décision.

Soit vous décidez de quitter le village et l’agriculture pour vous rendre dans la ville de Moundou, au risque de tout perdre. Soit vous décidez de ne pas quitter votre terre et de rester sur place.

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Moundou, TCHAD

Grâce à une aide de l’État, vous entrez à l’Université des Sciences. Passionnée de mathématiques, vous obtenez facilement votre licence. Mais le danger est aux frontières de votre pays.

Le groupe terroriste Boko Haram a renversé le gouvernement du Nigéria. Ces terroristes commandent de nombreux attentats dans les principales villes de votre pays, dont Moundou, car il prône un djihad international. Les armées et les provocations se multiplient à la frontière avec de plus en plus de rumeurs à l’est, annonçant l’arrivée de groupes armés qui viendraient du Soudan du Sud.

L’état d’urgence est déclaré. Le pays entre en guerre. De nombreux combats ont lieu et les morts s’accumulent. L’armée tchadienne recule et N’Djamena va tomber, c’est une question de jours. Suivront ensuite les villes principales du pays. La situation va devenir compliquée pour votre avenir.

Soit vous choisissez de rester sur place et de résister ou vous demandez un visa à l’État français et allez continuer vos études en France

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Sur un canot pneumatique, au coeur de la Méditerranée

Bravo ! La légende que vous avez racontée rassure les occupant·es du bateau. Les gens se blottissent les un·es contre les autres et écoutent votre voix réconfortante.

Tout-à-coup, le moteur du bateau redémarre ! Toutefois, la joie et les sourires restent craintifs, la peur d’une nouvelle panne du moteur plane.

Vous voyez une côte au loin et accostez sur une plage italienne.

Vous voyez quelqu’un·e au loin! Lancez un dé.

Si vous obtenez entre 1 et 3 : Les carabiniers italiens vous voient arriver de loin.

Si vous obtenez entre 4 et 6 : Ce sont de simples habitant·es qui vous regardent comme si des fantômes débarquaient de l’enfer. Vous pouvez fuir vers la France.

Les carabiniers italiens vous ont vu arriver de loin. Ils vous interpellent et vous emmènent au centre de rétention.

Vous fuyez vers la France !

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Sur la route, entre le Tchad et la Libye

Vous arrivez bien en avance dans la partie nord du pays. Vous appréhendez ce voyage.

Une voiture arrive, vous reconnaissez l’homme d’hier. Il vous fait signe d’attendre et vous montre le pick-up garé à quelques mètres. Vous comprenez que vous devez monter, mais vous ne savez pas où, il n’y a plus de place. Une vingtaine d’hommes et de femmes est déjà entassée à l’arrière. Quelqu’un·e vous aide malgré tout à monter.

C’est emplie de peur que le véhicule démarre. Le camion foncera à travers le désert, afin d’éviter les « coupeurs de route » qui volent les candidat·es à l’exil, les militaires et autres indésirables. L’idée est d’arriver en Libye en ayant évité les postes frontières. C’est dangereux et il arrive régulièrement que des personnes tombent du camion, un virage trop sec ou un coup de frein violent et c’est le drame ! Le conducteur du camion ne s’arrête pas, il n’a pas le temps, ni l’envie. Les humains comptent peu, bien moins que les dinars libyens.

Vous êtes arrivée la dernière dans ce pick-up et votre place n’est pas enviable.

L’équilibre est précaire, plus que votre volonté de vivre, c’est la chance qui décidera de votre destin.

Lancez le dé.

Si vous faites entre 4 et 6, vous avez de la chance

Si vous faites entre 1 et 3, le trajet ne se passera pas comme prévu

Lancez le dé. Comme vous êtes avec votre fille, les autres personnes dans le pick-up vous soutiennent.

Si vous faites entre 3 et 6, vous avez de la chance

Si vous faites entre 1 et 2, le trajet ne se passera pas comme prévu

Vous arrivez au bout de votre voyage

Vous n’arrivez pas au bout de votre voyage

Vous arrivez au bout de votre voyage

Vous n’arrivez pas au bout de votre voyage

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À la préfecture de Lille, FRANCE

Vous êtes soutenue par une association citoyenne qui vous prépare à la première étape de ce long parcours.

Vous êtes accompagnée par un·e avocat·e militant·e, vous pouvez même avoir accès à des cours de français et surtout, vous avez pu créer du lien et rencontrer de nouvelles personnes. Vous arrivez à la préfecture, on prend votre demande, vos papiers, vos empreintes digitales, et la première recherche sera de savoir si vos empreintes ont été enregistrées quelque part en Europe, dans le pays de votre première arrivée.

C’est le règlement de Dublin, instauré en 2013.

Ce règlement délègue la responsabilité de l’examen de la demande d’asile d’un·e réfugié·e au premier pays qui l’a accueilli·e. Donc si vous êtes entrée de manière illégale sur le territoire français, et qu’une fois contrôlée on constate qu’on vous a enregistré dans un autre pays européen, vous y êtes alors renvoyée pour que ce soit ce pays qui s’occupe de votre demande d’asile.

Comme vous n’êtes pas passée par un centre de rétention en Italie, vous pouvez continuer

Comme vos empreintes ont été relevées en Italie, vous devez être refoulée en Italie, vous êtes « dublinée ».

Mais vous avez un collectif citoyen avec vous qui manifeste et mobilise ses ressources pour vous aider.

Lancez un dé

Si vous faites entre 1 et 2, vous avez de la chance

Si vous faites entre 3 et 6, vous n’avez pas de chance

L’Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) a été émise à votre encontre.

Vous obtenez un récépissé pour attester que votre demande d’asile est en cours de traitement. Celui-ci dure 6 mois et sera renouvelable jusqu’au verdict final.

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Moundou, TCHAD

Bravo

Joli travail. Vous venez d’obtenir votre BAC !

Vous vous sentez plutôt à l’aise dans les matières scientifiques.

Après avoir fêté ça avec vos ami·e·s, trois choix s’offrent à vous.

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Dans une maison clandestine, LIBYE

Vous arrivez au bout de votre voyage, dans une grande maison. Les personnes qui l’occupent vous expliquent que vous n’avez pas assez d’argent pour payer votre passage en Italie.

lI va falloir travailler pour l’obtenir. Malheureusement, vous comprenez que vous n’aurez pas le choix de la tâche à exécuter. Si les hommes sont mis en esclavage dans des champs ou des entreprises de bâtiment, les femmes elles, sont réduites à l’esclavage sexuel et à la prostitution forcée.

À chaque client, quelques dinars libyens empochés… Il vous faudra plusieurs mois pour gagner assez d’argent.

Vous savez que votre fille est enfermée, vous avez très peu de contacts. Emplie de désespoir et angoissée, la situation vous devient insupportable.

Une autre femme de la maison, Arafa, vous propose de vous enfuir avec elle.

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Université de Lille, FRANCE

Nouvelle première année et dernière chance.

Si vous redoublez une deuxième fois, vous perdez votre statut d’étudiante étrangère et devrez quitter le territoire français.

Répondez à la question :
En 2024, quelle était la part d’étudiants d’Afrique subsaharienne dans l’attribution totale des visas étudiants étrangers en France ?

Vous n’avez pas la bonne réponse, vous perdez votre statut mais tentez de rester légalement sur le territoire.

Bravo ! C’est la bonne réponse. En reprenant les Pays d’origine des étudiants étrangers en France, on arrive à environ 37 %.

Vous allez en Master 2

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Moundou, TCHAD

Vous avez choisi d’épouser Elhadji.

Il est très attaché aux traditions de son pays et souhaite rapidement fonder une famille, mais vous voulez attendre avant d’avoir des enfants. Plus votre relation avance, moins il accepte cette décision et sa famille le soutient.

On vous interdit d’aller travailler et de sortir, on vous rappelle que votre rôle est de tenir le foyer et de faire des enfants. Dans le quartier, on dit de vous que vous êtes une mauvaise femme, une sorcière ou une prostituée. À bout, vous vous résignez à faire un enfant et vous donnez naissance à une petite fille.

Mais votre situation se détériore et la famille de votre mari exige que votre fille soit excisée comme le voudrait la tradition du pays.

Vous ne voyez que deux solutions

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Fin tragique

Parfois et c’est malheureux, mais les êtres humains n’ont pas d’autre choix que de fuir pour préserver leur vie. Votre choix était courageux, plein d’espoir.. humainement et dans le combat pour vos droits.

On retrouvera votre corps sans vie quelques jours plus tard. Tragédie personnelle, prélude aux malheurs qui s’abattent sur les femmes.

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Tripoli, LIBYE

Vous avez bien fait de vous fier à Arafa.

À l’aube, courage en main, vous arrivez à déjouer la vigilance de vos gardien·nes et vous fuyez très loin de cette maison en direction du port.

Vous traversez de nombreux quartiers et vous vous perdez. Encore une fois c’est la chance qui devra guider vos pas. Le port est au nord de la ville et vous vous trouvez dans la partie sud. Comment retrouver son chemin, sachant que les routes sont sinueuses, incertaines et dangereuses ? Vous pensez à regarder le soleil, mais où doit-il se trouver en ce petit matin pour vous indiquer la bonne direction ?

Vous laissez le soleil sur votre droite et c’est effectivement la bonne idée. Vous vous rapprochez tant bien que mal du port et au final vous arrivez dans des quartiers où vivent beaucoup de personnes en situation de migration. Vous tombez sur des membres de votre communauté qui vous prennent en charge et vous aident à tenter un passage vers l’Italie

Vous laissez le soleil sur votre gauche et vous vous perdez et finissez par croiser la police Libyenne. Celle-ci vous arrête et vous place en centre de rétention. Les conditions sont horribles. Vous êtes des vingtaines par cellule, à peine de la place pour s’allonger. Peu d’eau. Coups, torture. Appel à la famille pour envoyer de l’argent. Et à la fin, expulsion vers le Tchad.

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Moundou, TCHAD

Vous travaillez depuis quelques années maintenant.

Grâce à votre bac vous avez trouvé un emploi au sein de l’administration tchadienne. Vous rencontrez un homme qui vous plaît et vous êtes prête à l’épouser !

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Moundou, TCHAD

Vous partez pour la ville de Moundou, capitale économique de la région.

Vous êtes nombreux et nombreuses à migrer vers la ville et c’est effectivement le lieu où se trouve la majorité des emplois en dehors du secteur de l’agriculture. On distingue en effet des milliers de petit·es artisan·es, de commerçant·es, de vendeur·euses itinérant·es, de transporteur·euses mais aussi une multitude de personnes exerçant pour survivre, une variété de petits métiers.

Votre père trouve rapidement un petit emploi et votre mère, sachant lire et écrire, désire que vous soyez scolarisée. D’ailleurs suivre sa scolarité en ville est plus facile, même pour une fille.

Pourquoi à votre avis?

Si vous trouvez au moins 3 explications, vous passez brillamment au cycle supérieur.

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Moundou, TCHAD

Voici les multiples raisons qui facilitent la scolarité d’une fille en ville.

  • Un chemin moins long pour se rendre à l’école : Les filles, plus que les garçons, sont exposées à la maltraitance, aux violences physiques et morales et aux abus sexuels à l’école et sur le trajet de l’école, de la part du personnel éducatif ou des garçons, ce qui conduit de nombreux parents à retirer leurs filles de l’école.
  • Des établissements sécurisés
  • Plus d’hygiène (eau, toilettes séparées H/F) : 1 fille sur 10 ne va pas à l’école quand elle a ses règles car de nombreux établissements scolaires ne proposent pas d’endroit où elles peuvent se changer, ou alors parce que les protections hygiéniques coûtent cher et qu’elles sont forcées de rester chez elles.
  • Moins d’élèves par classe (60 env)
  • Plus d’enseignant·es qualifié·es

Pour aller plus loin : Causes et conséquences des discriminations des filles face à l’éducation

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Sur un canot pneumatique, au coeur de la mer Méditerranée

Alors que tout semblait perdu, vous voyez au loin arriver un véritable navire. Vous n’en croyez pas vos yeux. Vous craignez les gardes-côtes libyens au début. Cet immense navire qui s’avance vers vous se révèle être l’Ocean Viking. Il sillonne la Méditerranée à la recherche et à la rescousse des frêles embarcations qui s’aventurent sur ses eaux.

Vous ne mourrez pas en mer et au bout de plusieurs jours, vous arrivez en Italie. Saine et sauve, vous êtes immédiatement placée en centre de rétention. La première chose que l’on y fait est de relever vos empreintes. C’est la manière la plus simple pour les autorités européennes de savoir par quel pays vous êtes arrivée la première fois en Europe.

Ensuite on vous demande d’attendre l’instruction de votre éventuelle demande d’asile. Vous voici donc sur le territoire européen… mais en Italie. Or c’est à Lille que vous souhaitez vous rendre !

Vous décidez alors de vous enfuir du centre de rétention, et c’est là encore une histoire de chance…

Lancez le dé

Si vous faites 1 ou 2 : vous ne faites pas 100 mètres avant d’être interpellée. Vous repassez par le centre mais bien vite vous êtes renvoyée

Si vous faites plus de 2 : vous faussez compagnie à vos gardien·nes

Vous repassez par le centre mais bien vite vous êtes renvoyée

Vous faussez compagnie à vos gardiens

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Sur la route, entre le TCHAD et la LIBYE

Vous arrivez en avance dans la partie nord. Vous appréhendez ce voyage.

Une voiture arrive. Vous reconnaissez l’homme d’hier. lI y a une femme et deux hommes dans le véhicule, vous y montez, soulagée. Ce n’est pas un camion rempli d’êtres humains comme certains le disent. Vous roulez sur 4000 km sans quasiment vous arrêter, en passant par le Niger.

La route est plus longue mais c’est plus sûr de passer la frontière vers la Libye. Depuis la guerre avec le Tchad et la fuite des opposant·es en Libye, les relations sont tendues. Votre sécurité est essentielle certes, mais à multiplier les frontières, vous devez multiplier les pots-de-vin pour avoir le droit de passer. Ce n’était pas prévu et votre argent fond comme neige au soleil. Épuisée par ce trajet, vous arrivez enfin à Tripoli au petit matin.

On vous conduit tout de suite dans une grande maison tout au sud de la ville, dans un quartier résidentiel qui semble avoir été oublié des récents conflits. On vous pousse sans ménagement dans une pièce où des dizaines de personnes attendent là. C’est l’anti-chambre du passage vers l’Italie. Il y a tellement de monde que vous peinez à trouver une place où vous recroqueviller. Vous attendez des heures quand des hommes viennent enfin vous chercher.

C’est l’heure de payer son passage. 2000 $ pour arriver en Italie par la mer Méditerranée en canot pneumatique.

Vous reste-t-il assez d’argent suite à tous les « droits de passage» délivrés depuis Moundou ? Pour le savoir, lancez le dé.

Vous avez assez d’argent

Vous n’avez pas assez d’argent

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Lille, France

Vos deux plus grandes craintes : entendre frapper à votre porte au milieu de la nuit et vous faire contrôler dans la rue, le bus, un parc, un magasin. Partout. Tout le temps. Les jours s’enchaînent et l’angoisse reste tapie au fond de vous. Et un soir, cela arrive. Vous êtes contrôlée. Vous n’avez pas de papiers.

Vous êtes déférée en centre de rétention.

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Moundou, TCHAD

Vous venez de finir votre cycle primaire, votre famille aimerait que vous puissiez continuer votre scolarité au collège et au lycée. Les difficultés déjà rencontrées en primaire se multiplient plus les années et les niveaux passent. Car continuer ses études au collège pour une fille, devient très compliqué tant pour des raisons financières que culturelles. En effet, les comportements traditionnels n’incitent pas les parents à envoyer leurs filles à l’école. Ainsi, dans le cycle secondaire, un nombre important de filles quitte l’école plus tôt que leurs camarades masculins, et particulièrement dans les zones rurales et appauvries. Pourtant, les conséquences d’une plus grande scolarisation des filles seraient immenses et bénéfiques pour le pays et ses habitant·es.

Mariages précoces, grossesses pendant l’adolescence et nécessité d’aider la famille ou d’acquérir les compétences requises pour travailler, telles sont certaines des raisons qui incitent les filles à quitter l’école.

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Moundou, TCHAD

Saurez-vous trouver l’affirmation fausse ?

1/ Chaque année passée par une fille sur les bancs de l’école augmente son futur revenu de 10 à 20%.

2/ La non éducation des filles permet de les éloigner d’un marché du travail en tension et fait baisser le taux de chômage du pays.

3/ Un enfant né d’une mère qui sait lire a 50% de chances en plus de survivre après l’âge de 5 ans.

4/ Une fille privée d’école a 3 fois plus de risques d’être mariée avant ses 18 ans qu’une fille qui a suivi des études secondaires.

Mauvais réponse, c’est la proposition 2 qui est fausse.

Bonne réponse, c’est effectivement une fausse affirmation.

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Lille, FRANCE

L’Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) a été émise à votre encontre.

Vous êtes assignée à résidence et un jour, sans savoir quand, vous recevrez la visite de la police pour vous emmener en centre de rétention, dernière étape avant l’expulsion.

Vous n’avez pas le droit de travailler et pourtant il vous faut vivre. Vous trouvez des postes de femme de ménage dans des hôtels, soit non déclarée, soit avec l’emprunt de papiers de vos connaissances.

Savez-vous combien peut apporter aux comptes publics français le travail “ illégal” des personnes étrangères?

Mauvaise réponse…

La bonne réponse est 4 milliards. En effet, ils paient des cotisations sociales par le biais de l’usurpation d’identité et des impôts sur le revenu, les taxes sur la consommation (TVA) et les impôts locaux entre autres taxes

Source : D’après, Xavier Chojnicki et Lionel Ragot, auteurs de “L’immigration coûte cher à la France” : qu’en pensent les économistes?

Bonne réponse !

4 milliards. En effet, ils paient des cotisations sociales par le biais de l’usurpation d’identité et des impôts sur le revenu, les taxes sur la consommation (TVA) et les impôts locaux entre autres taxes

Source : D’après, Xavier Chojnicki et Lionel Ragot, auteurs de “L’immigration coûte cher à la France” : qu’en pensent les économistes?

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À l’OFPRA à Lille, FRANCE

Vous obtenez un récépissé pour attester que votre demande d’asile est en cours de traitement. Celui-ci dure 6 mois et sera renouvelable jusqu’au verdict final.

Vous vous préparez alors à la deuxième étape de votre demande d’asile, qui est un oral se tenant devant l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Vous devrez raconter en détail votre parcours et justifier du caractère vital de rester en France.

Le jour J arrive.

Vous expliquez que vous êtes mère et vous avez fui pour protéger votre fille des violences et mutilations sexuelles

Vous expliquez que vous êtes une femme seule exposée à un danger potentiel au Tchad.

Malgré le risque avéré de mutilations sexuelles, ainsi que la guerre civile et les conflits frontaliers, votre demande d’asile est rejetée. Vous faites appel auprès de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) qui rejette également votre demande

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Dans les flots déchaînés, au coeur de la mer Méditerranée

La détresse ne se calme pas face à des arguments rationnels. Vos camarades, exaspéré·es par la conviction que vous êtes porteuse du mauvais œil, vous jettent par-dessus bord.

Un homme à la mer !

Qu’importe, le navire ne s’arrête pas. Le vent souffle et ce sombre navire-là, a une route qu’il doit absolument suivre. Il passe..

L’homme disparaît, puis réapparaît, il plonge et remonte à la surface. Il appelle, il tend les bras, on ne l’entend plus. Le navire, rugissant sous l’ouragan, est tout à sa manœuvre (…)

L’homme est dans l’eau, monstre aquatique et il n’a sous ses pieds, que de l’eau sans fin, sans fond. Les flots déchirés et bousculés par le vent, l’entourent affreusement. Les roulis de l’abîme l’emportent, toute l’eau l’agite et l’engouffre; une montagne de vagues crache sur lui, le dévore à moitié. (…)

Les flots se jettent sur lui, l’océan ne lâche rien et s’acharne à le noyer, se joue de son agonie; cette eau si haineuse.. Il lutte pourtant (…)

Le froid sans fond le paralyse. Ses mains se crispent et se ferment et prennent du néant. Vents, nuées, tourbillons, souffles, étoiles inutiles ! Que faire ? Le désespéré s’abandonne, las il prend le parti de mourir, il se laisse faire, il se laisse aller, il lâche prise, et le voilà qui roule à jamais dans les profondeurs lugubres de l’engloutissement.

Disparition sinistre du secours ! Ô mort morale ! La mer, c’est l’inexorable nuit sociale où la pénalité jette ses damnés. La mer, c’est l’immense misère.

Victor Hugo, Les misérables, 1862

Depuis 2014, plus de 30 000 personnes sont mortes en Méditerranée en cherchant à rejoindre l’Europe.

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Dans les flots déchaînés, au coeur de la mer Méditerranée

Plusieurs œuvres abordent la traversée de la Méditerranée par les migrant·es, explorant les défis et les drames humains associés à ces voyages périlleux. Voici une sélection de films, livres et podcasts sur ce sujet.

Ces œuvres offrent des perspectives variées et profondes sur les réalités vécues par les migrants lors de leur traversée de la Méditerranée, mettant en lumière leur courage, leurs souffrances et leurs espoirs.

Films et Documentaires :

  • Les Nageuses : Ce film retrace l’histoire vraie de deux sœurs syriennes qui, après avoir fui leur pays en guerre, traversent la Méditerranée pour rejoindre l’Europe, avec l’espoir de participer aux Jeux olympiques.
  • En pleine mer : Ce documentaire offre une immersion à bord de l’Ocean Viking, le navire de l’ONG SOS Méditerranée, qui porte secours aux exilés en détresse en Méditerranée.

Livres :

  • Les damnées de la mer de Camille Schmoll : Cet ouvrage est une enquête approfondie sur les parcours de femmes migrantes en Méditerranée, mettant en lumière leurs expériences, leurs défis et leur résilience face aux dangers de la traversée.
  • Les Impatientes de Djaïli Amadou Amal : Ce roman raconte la migration forcée de trois femmes africaines, explorant leurs luttes et leurs espoirs alors qu’elles traversent des épreuves, y compris la dangereuse traversée de la Méditerranée.

Podcasts :

  • Migrantes et combattantes – Un podcast à soi : Cet épisode donne la parole à des femmes migrantes, explorant leurs parcours, leurs luttes et leurs rêves, tout en abordant les défis de la traversée de la Méditerranée.
  • Voix d’exils – Épisode 4 : Dans cet épisode, Alain, un Camerounais de 30 ans, partage son expérience de la traversée de la Méditerranée, décrivant les dangers rencontrés en mer et son parcours vers l’Europe.
Je partage d’autres ressources !
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Bébédjia, TCHAD

Vous décidez de rester sur place.

Il est essentiel pour votre mère que vous alliez à l’école. Une fille éduquée ayant achevé l’école primaire sera plus à même de prendre soin de sa santé, de défendre ses droits et de participer au développement de sa communauté !

Pour autant c’est très compliqué pour les filles de suivre et terminer leur cycle primaire.

Quels sont selon vous certains des obstacles qui peuvent se dresser devant des jeunes filles souhaitant poursuivre leur scolarité ?

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Bébédjia, TCHAD

Entre autres, voici certains des obstacles qui peuvent se dresser devant des jeunes filles souhaitant poursuivre leur scolarité :

  • Les traditions culturelles
  • L’ignorance des lois et du droit
  • La pauvreté
  • Les violences à l’école et sur le trajet de l’école
  • Les menstruations
  • Les risques pour la santé
  • Les mariages précoces et forcés
  • Les grossesses précoces
  • L’absence de certificat de naissance
  • La traite et le travail infantile

Pour aller plus loin : Causes et conséquences des discriminations des filles face à l’éducation

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Chez votre tante à Lille, FRANCE

Vous êtes actuellement en France, c’est une réalité indéniable.

Que vous soyez arrivée depuis l’Italie après une traversée maritime éprouvante, une fuite d’un centre de rétention italien, ou encore par voie officielle pour poursuivre vos études, vous êtes en France. Cependant, vous ne possédez pas ou plus les documents nécessaires pour y résider légalement.

À votre arrivée chez votre tante, après des retrouvailles chaleureuses, elle vous explique les démarches à entreprendre. Elle vous conseille de vous rendre en priorité à la Structure Premier Accueil de Demandeur d’Asile (SPADA) située à Lille. Cet organisme vous fixera un rendez-vous à la préfecture pour déposer votre demande d’asile. Elle vous informe également que de nombreuses associations ou collectifs de citoyen·nes, souvent informels, apportent leur soutien aux personnes exilées.

Connaissez-vous quelques un·es de ces collectifs/associations qui apportent leur soutien aux personnes exilées sur le territoire français ?

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Chez votre tante, Lille, FRANCE

De nombreuses associations et nombreux collectifs apportent leur soutien et aident aux personnes exilées sur le territoire français. En voici une sélection (parmis de nombreuses autres)

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Université de Lille, FRANCE

Vous arrivez à l’Université des Sciences et Technologies de Lille et vous entamez vos études en Master 1, Mathématiques et Applications, Parcours ingénierie, statistiques et numérique.

Vous côtoyez beaucoup d’étudiant·es étranger·es au début de votre année scolaire puis vous vous intégrez petit à petit dans le milieu associatif de la fac.

Les fins de mois sont difficiles. Avec les bourses du Tchad qui arrivent par intermittence, vous devez travailler à côté de vos études pour boucler les fins de mois. C’est envahi de trac et de confiance que vous arrivez à vos examens.

Répondez à cette question pour réussir votre année universitaire:

Quelle est la part d’étudiant·es étranger·es inscrits à l’Université de Lille (en %) ?

Faux, il s’agissait de 13%, vous avez échoué, vous redoublez votre année.

Bravo ! Vous avez trouvé la bonne réponse: 13% (Novembre 2024), vous passez brillamment en Master 2

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À l’hôpital de Moundou, TCHAD

Il n’y avait pas d’université de médecine à Moundou, seulement une école d’infirmières. Vous travaillez à l’hôpital depuis plusieurs années, mais la situation du pays se détériore de jour en jour. Les crises climatiques se multiplient, avec des sécheresses et des famines dévastatrices. Cela fait des années qu’il n’a pas plu, et de plus en plus de personnes se réfugient dans les villes, cherchant à survivre.

La situation devient ingérable : des émeutes éclatent, la pauvreté s’intensifie, et les gangs se multiplient. Le Nord du pays fait sécession. Le pays est au bord de la guerre civile. L’État est en faillite et ne peut plus payer ses fonctionnaires. Vivant seule et sans salaire depuis plusieurs mois, vous vous retrouvez dans une situation intenable.

Vous ne savez plus comment répondre à vos besoins et vous vous sentez de plus en plus en danger. Les regards du quartier se font de plus en plus pesants : une femme seule, sans mari, c’est suspect. Vous prenez la décision de fuir cet endroit devenu trop risqué et de quitter la pauvreté qui vous engloutit.

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Lille, FRANCE

Vous enchaînez les boulots, toujours avec la peur au ventre de vous faire arnaquer, de subir des violences ou d’être contrôlée par la police.

Vous mettez peu d’argent de côté, que vous envoyez à votre famille, au Tchad, tout en leur mentant sur votre véritable situation.

Si vous êtes venue avec votre fille, vous avez pu la scolariser. Car l’accès à l’éducation est un droit fondamental, même en situation irrégulière.

Finalement, après plusieurs années de travail précaire et de vie marquée par la peur, cinq ans se sont écoulés. C’est à ce moment que vous pouvez solliciter une Admission Exceptionnelle au Séjour. Bien que cette procédure soit très rare, elle reste possible.

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Sur le départ vers la France, TCHAD

Vous avez décidé de quitter votre pays avant l’inévitable, avant la souffrance et une mort possible et déchirante. C’est le cœur tiraillé, tant il est douloureux de quitter sa terre natale, que vous organisez votre départ vers la France.

Vous savez que vous pouvez trouver quelqu’un·e pour vous aider à passer en France au quartier des Halles

Comme vous êtes étudiante en sciences, vous passez par le consulat afin de chercher un visa pour obtenir un titre de séjour «étudiante étrangère» puis grâce à vos économies, vous avez pu réserver un vol vers Paris

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Gare routière de Moundou, TCHAD

Le passeur voit bien que vous êtes affolée et que vous ne connaissez rien à cette nouvelle situation. Car non seulement les femmes migrantes représentent 52% des personnes migrantes, mais en plus elles doivent faire face à des risques et dangers spécifiques du fait de leur sexe.

Il va tenter de vous soutirer un maximum d’argent. C’est son seul intérêt.

Vous sentez sa présence de plus en plus menaçante. Il vous plaque contre le mur, vous tord le bras, vous dit que de toute manière vous n’avez pas le choix.

La situation devient très dangereuse.

Vous tentez de le faire revenir à la raison : lancez un dé et faites plus de 2 si vous voulez avoir une chance de le convaincre.

L’homme ne vous écoute pas, votre misère le nourrit. Il vous prend votre argent et s’en va sans un regard.

L’homme accepte de s’occuper de vous. MAIS vous êtes partie précipitamment avec votre fille et peu d’argent, il vous prend tout et vous donne rendez-vous le lendemain, à la sortie nord de la ville

L’homme accepte de s’occuper de vous. Vous avez pu vendre tous vos biens avant de partir, mais le passeur vous extorque la moitié de ce que vous possédez au nom de votre sécurité.

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Une nouvelle vie à Lille, FRANCE

Vous avez obtenu un titre de séjour qui vous permet de résider et travailler légalement sur le territoire français !

Bravo ! Après tous ces mois passés, vous pouvez envisager l’avenir avec stabilité.

Mais rien ne sera simple pour autant, notamment pour le travail car bien souvent les diplômes étrangers ne sont pas reconnus en France. Sans compter que les femmes restent victimes de stéréotypes sexistes et que les principaux emplois qu’elles pourront occuper se cantonneront à la garde des enfants ou au ménage.

Néanmoins vous êtes ici en toute légalité, vous pouvez rester, réinventer votre vie.

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Vous n’irez pas plus loin sur ce chemin.

Après avoir pris connaissance des chiffres relatifs à l’éducation dans le monde, plusieurs choix s’offrent à vous.

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Gare routière de Moundou, TCHAD

Vous avez beau être en fuite, vous n’êtes pas naïve pour autant ! Vous savez qu’à l’heure actuelle 52% des personnes migrantes sont des femmes.

Vous interrompez tout de suite les élucubrations de votre passeur et vous négociez le prix et les conditions. Parce qu’il a bien raison sur un point : les femmes migrantes paient très fréquemment le prix fort pour leur exil et vous cherchez à vous assurer un maximum de sécurité. En effet, des stéréotypes sexistes pleuveront à votre encontre, être une femme seule en migration vous attirer plus rapidement les foudres du fait des discriminations qui pèsent sur votre genre. Mais le pire reste à venir… Vous allez sûrement être confrontées à de multiples formes de violence. Celles-ci engendrent des traumatismes qui sont très difficiles à supporter au quotidien.

Vous l’avez compris, être une femme seule en migration, c’est traverser un chemin semé d’épreuves et de souffrances, marqué par de multiples formes de violence.
Lancez le dé pour connaître la suite de votre voyage. Si vous faites entre 4 et 6, il vous laissera tranquille, si vous faites entre 1 et 3 vous aurez moins de chance.

Vous filez le plus rapidement possible.

Votre passeur sera probablement plus enclin à faire un effort supplémentaire pour assurer un trajet plus sûr.

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Dans les flots déchainés, au coeur de la mer Méditerranée

La rage de vivre gagne chacune des personnes à bord du bateau, tout le monde s’agite, le bateau se retourne.

« C’est lent un naufrage, c’est lent un bateau qui coule et dans le même temps incroyablement rapide, soudain il passe sous la surface des eaux. Comme le soleil se couche il disparaît, c’est là toute la singularité de l’événement, sa morbidité extrême..

(…) J’ai pensé que les passagers avaient dû attendre, espérer des secours en sachant que le droit de la mer impose de venir en aide aux bateaux en détresse, quand d’autres passagers au contraire, avaient dû s’affoler, informés des dernières dispositions pris par les États en lutte contre l’immigration illégale. Avertis qu’en ce qui les concerne, le droit n’existait plus, ils étaient alors hors la loi.

(…) des marins venus les sauver avaient été sanctionnés par des autorités inflexibles, soucieuses de la légalité et les pieds au sec, et sans doute que d’autres se demandaient jusqu’où on les laisserait se noyer; j’ai pensé enfin que la plupart des passagers ne devaient pas savoir nager, ayant vu la mer deux jours auparavant pour la première fois. »

Maylis De Kerangal, «À ce stade de la nuit.» 2014

La grande majorité des corps des personnes décédées en migration, lors d’un naufrage notamment, ne sont jamais retrouvés. 70 à 80% selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

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Sur un canot pneumatique, au coeur de la mer méditerranée

Le rendez-vous est fixé tôt sur une petite plage au nord-ouest de la ville. Le soleil se lève à peine. Le vent est mordant. Des hommes vous attendent en haut des dunes, vous pressant de vous dépêcher. Ils vous remettent des gilets de sauvetage, mais gardent vos valises, affirmant qu’il n’y aura pas de place pour elles. Certain·es protestent, mais des coups pleuvent et les autres se précipitent au-delà de la dune, vers le bateau. La réalité est tout autre, ce n’est qu’un canot pneumatique. Malgré cela, vous ne pouvez pas faire marche arrière après tout ce que vous avez traversé ces dernières semaines. Alors vous aussi, vous courez vous mettre dans le canot pneumatique.

Vous êtes si serré·es, impossible de bouger. Si une personne se lève, le bateau tangue dangereusement. Le soleil est brûlant. Un mouvement de panique et le bateau tombe à la renverse. La plupart des passagers ne savent pas nager.

Soudain le moteur du bateau s’arrête, on tente de le remettre en route. Rien n’y fait.

La tension monte, la colère éclate, des gens se lèvent, d’autres accusent le mauvais œil. Vous êtes une femme seule, on vous traite de sorcière, tout est de votre faute. Le bateau vacille de plus en plus dangereusement. Certains hurlent, crient aux autres de rester calme mais la peur et l’effroi persistent. Vous savez toutes et tous que ces traversées sont dangereuses. Et que la Méditerranée est un véritable tombeau.

La grande majorité des corps des personnes décédées en migration, lors d’un naufrage notamment, ne sont jamais retrouvés. 70 à 80% selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Vous savez que la mort est proche. Vous devez sauver votre peau coûte que coûte. Plusieurs choix s’offrent à vous.

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À l’université de Lille, FRANCE

Vous êtes en Master 2 et continuez sur votre lancée avec brio. Vous décrochez haut la main votre diplôme.

Vous avez un an pour trouver un emploi.

Pour ce faire, vous bénéficiez d’une autorisation spécifique légale pour rester en France et chercher un emploi. Cependant, ce n’est pas si simple quand on est une femme et noire, même en France. De nombreuses discriminations bloquent l’accès au marché du travail.

Vous persévérez et répondez à toutes les annonces dans votre domaine.

D’ailleurs à votre avis, quel est le taux d’étudiant·es étranger·es qui ont voulu poursuivre en France et ont réussi à trouver un emploi à la suite de leurs études ?

Vous n’avez pas trouvé la bonne réponse, vous n’arriverez pas à trouver un travail dans l’année impartie. Et il n’y aura pas de prolongation de votre autorisation de séjour et vous vous retrouvez sans papiers.

Selon le rapport 2022 de l’OCDE, 75 % des étudiant·es internationaux·les sont employé·es à la suite de leurs études en France. Cependant, 5 ans après la fin de leurs études, seuls 40 % de ces étudiant·es sont toujours en France.

Vrai ! Vous avez la bonne réponse, vous trouverez un travail de chargée de mission et analyse statistique au sein de l’INSEE. Vous obtenez un titre de séjour de travail.

Selon le rapport 2022 de l’OCDE, 75 % des étudiant·es internationaux·les sont employé·es à la suite de leurs études en France. Cependant, 5 ans après la fin de leurs études, seuls 40 % de ces étudiant·es sont toujours en France.
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Préfecture de Lille, FRANCE

Vous êtes seule pour faire cette demande.

Vous faites la queue régulièrement devant la préfecture pour pouvoir entrer faire votre demande d’asile.

Après vous être retrouvée à plusieurs reprises face à une porte fermée, vous réussissez enfin à entrer. On prend votre demande, vos papiers, vos empreintes digitales. La première recherche sera de savoir si vos empreintes ont été enregistrées quelque part en Europe, dans le pays de votre première arrivée.

C’est le règlement de Dublin, instauré en 2013. Celui-ci délègue la responsabilité de l’examen de la demande d’asile d’un·e réfugié·e, au premier pays qui l’a accueilli. Donc si vous êtes entré·e de manière illégale sur le territoire français, que vous êtes contrôlé·e et que l’on vous a enregistré dans un autre pays européen avant, vous y êtes alors renvoyé·e afin que ce pays s’occupe de votre demande d’asile.

C’est ce que l’on appelle être «dubliné·e

Comme vos empreintes n’ont pas été relevée ailleurs, vous pouvez faire votre demande ici

Comme vos empreintes ont été relevées en Italie, vous devez y être renvoyée

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Gare routière de Djarabé (quartier de Moundou), TCHAD

En quelques minutes de recherche, vous obtenez le numéro WhatsApp d’un passeur. Celui-ci vous donne rendez-vous près de la gare routière de Djarabé.

Vous vous méfiez car on raconte plein d’histoires sur des passeurs qui extorquent les gens, et trafiquent leur misère. Il est seul, vous êtes un peu rassurée.

Il écoute votre histoire.

Sa première réaction est de vous dire que cela coûtera plus cher pour une femme. En effet, il vous affirme que c’est très rare pour une femme de voyager seule car cela représente un danger bien plus important que pour un homme.

Si vous êtes revenu·e à cette page, c’est parce que vous avez été expulsé·e, soit de Lybie, d’Italie ou de France vers votre pays d’origine. Bien sûr, vous pouvez faire le choix de recommencer le périple que vous venez de subir, si vous n’avez pas été pillée de tout votre argent et s’il vous reste encore suffisamment d’espoir. S’il vous manque l’un ou l’autre, vous êtes condamné à errer dans les rues de votre pays, en guerre.

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Moundou, TCHAD

Ce fut l’une de vos plus belles décisions. Votre mariage avec Hassan est heureux, votre travail vous épanouit. Vous décidez quand vous aurez des enfants et vous savez déjà que vous les pousserez à faire les plus belles études possibles.

L’avenir s’annonce radieux et même si la vie concentre beaucoup d’écueils, aujourd’hui, elle vous sourit et vous ne demandez rien de plus.

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Centre de rétention, ITALIE

Vous arrivez au centre de rétention et la première chose que l’on fait est de relever vos empreintes. C’est la manière la plus simple pour les autorités européennes de savoir par quel pays vous êtes arrivée en premier en Europe.

Ensuite on vous demande d’attendre l’instruction de votre éventuelle demande d’asile.

Vous pouvez tenter l’aventure en Italie, mais la durée d’attente est de plusieurs années aux vues du nombre d’exilé·es de passage.

Et puis c’est à Lille que vous voulez aller.

Alors un soir, vous tentez l’aventure et décidez de fuir du centre.

Lancez le dé

Si vous faites 1 ou 2, vous ne faites pas 100 mètres avant d’être interpellée.

Si vous faites plus de 2, vous faussez compagnie à vos gardiens.

Vous ne faites pas 100 mètres avant d’être interpellée. Vous repassez par le centre mais bien vite vous êtes renvoyée

vous faussez compagnie à vos gardiens

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logo lisa

CONCLUSION

Nous espérons que vous avez pu traverser les différentes épreuves du parcours de Lisa le plus sereinement possible. Ce que vous avez vécu ici va bien au-delà d’une simple histoire. Lisa représente une pluralité de vies, de visages et de parcours migratoires. Elle est tour à tour étudiante, travailleuse, mère, réfugiée, en exil ou en quête de stabilité. Parfois porteurs d’espoir, parfois empreints de douleur, chaque expérience et chemin que vous avez pu parcourir dans cette exposition est un témoignage de l’immense diversité des expériences migratoires. Cette exposition ne prétend pas couvrir de manière exhaustive toutes les réalités et impacts des migrations dans le monde mais cherche à mettre l’accent sur l’aspect humain et pluriel de ces dernières. Contrairement aux récits simplifiés que l’on entend parfois, au travers de “Lisa : l’histoire dont vous êtes la migrante », nous souhaitons vous proposer une approche réaliste, ancrée dans la diversité des trajectoires et nourrie de témoignages et ressources documentaires. Les migrations ne sont pas une expérience uniforme, mais le résultat de choix personnels, de circonstances extérieures et également de hasard.

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